Quinze years a slave ou la traite des enfants au Sénégal

Article : Quinze years a slave ou la traite des enfants au Sénégal
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2 avril 2014

Quinze years a slave ou la traite des enfants au Sénégal

Une année après le drame du 13 mars 2013, les enfants talibés sont toujours laissés entre les mains de bourreaux qui jouissant de «  l’immunité religieuse », mènent leur traite sans être inquiétés. Malgré une logorrhée de lois interdisant la maltraitance des enfants, une myriade de conventions internationales ratifiées, une pléthore d’organisations, d’associations, d’organisations non gouvernementales censées protéger les enfants talibés, une Direction pour la protection des droits de l’enfant et les sempiternelles levées de boucliers contre ce trafic, c’est le statu quo ante : ces enfants souffrent toujours.

Au moins 15 ans d’esclavage.

Quinze longues années ! C’est la durée que passent en moyenne les enfants talibés dans les rues au Sénégal. Ces enfants ne sont pas libres et leur mode de vie n’est pas différent de celui de Patsy dans « 12 years a salve » ou encore des autres esclaves dans les champs de coton aux Etats-Unis pendant la traite des esclaves. En effet ils sont à la solde de maîtres coraniques (ils se nomment ainsi) qui disposent du sacer sur ces enfants. Les conditions de vie de ces enfants entrent bien dans l’acception de l’esclavage « L’esclavage est la condition d’un individu privé de sa liberté, qui devient la propriété, exploitable et négociable comme un bien matériel, d’une autre personne. » Châtiment, torture, viole et tous les autres dangers qu’un enfant laissé à lui-même dans la rue et sans protection puisse faire face.

Le titre du dernier rapport de Human Rights Watch 2014 « Exploitation sous prétexte d’éducation » est un euphémisme, l’expression « Esclavage sous prétexte d’éducation » serait plus illustrative à la condition inhumaine à laquelle sont soumis ces enfants talibés au Sénégal.

The Talibé of Dakar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Victimes des politiques

Le 13 mars 2013 : Chants du cygne, 9 garçons périssaient dans un incendie de ce qu’on appelait abusivement une « école coranique ». Le lendemain, c’était le ballet des charognards. Les politiques de toutes obédiences confondues entamèrent leur défilé funèbre dans les décombres du sinistre, feignant d’être affligés. Du président de la République au dernier des politiciens sénégalais, chacun cherchait à tirer le linceul de son côté.  On a eu droit à un chapelet de promesses de sanctions. Une année est passée depuis cette nuit macabre , une seule école a été fermée, les enfants talibés continuent à se fondre dans le décor des rues de Dakar tendant à chaque fois la main. Justement tendre la main et baisser les yeux c’est tout ce qu’on leur apprend dans ces « écoles ».

Ces enfants ne sont pas victimes du sous-développement ou de la pauvreté, ils sont victimes l’ignorance de leurs parents et du dessein macabre de leurs bourreaux qui ont fait miroiter à leur famille une meilleure éducation. A cela, il faut ajouter le silence lâche et coupable des dirigeants en raison de calculs électoralistes et d’un manque de courage inquiétant. Dans le pays certains qualifient cette question de sensible parce qu’elle met en cause des gens qui font de la religion musulmane un bouclier et un gagne-pain . Une portion congrue de lobbyistes, qui sont d’ailleurs les seuls gagnants dans cette traite d’enfants et qui, on ne sait par quel subterfuge et pression, tiennent le gouvernement en laisse.

Le paradoxe, c’est que ce fléau écœure l’écrasante majorité des Sénégalais.

Un commerce transfrontalier

Puisque la mendicité des enfants est un créneau porteur au Sénégal, « les multinationales » délocalisent ! En effet, ne vous étonnez pas si vous croisez à travers les rues de Dakar, des enfants talibés qui parlent le créole ou le peulh. Ceux-là sont respectivement originaires de la Guinée-Bissau et de la Guinée-Conakry , pays frontaliers du Sénégal. Ce commerce est devenu très lucratif.

Une chose est certaine, ces enfants talibés en croisant tous les matins les autres enfants qui vont à « l’école des Blancs » diront de Guy Tyrolien que ce monsieur n’avait rien compris, tout en récitant en silence : « Seigneur je ne veux plus aller à leur « école », faites je vous en prie que je n’y aille plus… elle est vraiment triste leur école ».

À tous les enfants victimes de la cupidité des adultes.

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